Bien que difficile au départ, l’apprentissage de la Concentration porte ses fruits. Peu à peu, en nous focalisant de façon répétée sur notre sujet d’observation pratique après pratique, séance après séance, l’errance de notre esprit diminue. II se pose et se stabilise sur l’objet de méditation Ce processus de développement de la concentration est décrit par les textes bouddhistes comme une « purification ». Il ne s’agit pas là d’un terme religieux ni moral, mais plutôt de la description d’une expérience de déblaiement dans le corps et l’esprit. Un pratiquant que je connais, disait que c’était comme s’il « avait subi un grand lessivage intérieur ». Puisque ce processus de purification n’est pas compris par la psychologie occidentale, il mérite d’être expliqué plus soigneusement. Se purifier signifie se défaire, de la tension, du conflit, de la distraction, de la peine et de l’anxiété. La façon la plus simple de comprendre cela est d’essayer de maintenir sans faillir notre concentration pendant seulement dix minutes. Supposez que vous ordonniez à votre attention de se concentrer de manière absolument stable sur votre respiration ou sur une image inspirante. Pendant la première minute, la plupart des gens vont s’apercevoir que leur attention s’est égarée de nombreuses fois. Au cours des deux minutes suivantes, encore plus de distractions et de sensations interféreront, puis le corps va devenir agité ou douloureux et, à la fin de ces dix minutes, ces personnes auront bien de la chance si elles sont restées présentes à l’objet de leur concentration dix pour cent du temps. Pendant que nous essayons de nous concentrer dans la méditation, nos pensées, conflits, projets et situations émotionnelles inachevées vont venir faire obstacle. La tension physique et l’agitation, les souvenirs et les peurs , les instincts et les pulsions vont constamment nous interrompre. La purification provient du relâchement délibéré de chacune de ces distractions jusqu’à ce que l’esprit se pose et soit apaisé, contenté et inébranlable.
À mesure que nous nous dégageons de façon répétée de cette succession de tensions et de pensées, le corps et l’esprit se sentent progressivement plus clairs. En ce qui concerne la concentration, le succès ne s’obtient pas à travers la suppression de chaque distraction et de chaque conflit, mais en les reconnaissant consciemment, avec attention, mais sans attachement et en s’en détournant jusqu’à ce qu’ils disparaissent ou perdent leur pouvoir, sur nous. Finalement, après des milliers de répétitions de présence à l’instant, l’esprit et le cœur commencent à se sentir purifiés, libérés de l’emprise de ces distractions, et demeurent pratiquement inébranlables, centrés sur l’objet de la méditation. Avec plus de concentration encore, l’esprit devient tellement empli de son sujet, tellement absorbé, que rien ne peut l’en distraire. Quand cela se produit, l’expérience intérieure devient celle de la plénitude et de la stabilité, et une luminosité intérieure, se répand.